NOS TRACTS
Maintenir Demain, retour sur l’enquête exclusive de la CFDT Cheminots
Plusieurs centaines d’agents concernés ont répondu à l’enquête envoyée par la CFDT cheminots aux agents des Infrapôles. Les résultats de cette enquête laissent apparaître une grande source d’inquiétude et de découragement parmi les agents concernés.
Ce questionnaire s’est attaché à différencier les agents des vagues 1 et 2 (les établissements passés en mode « Maintenir Demain » en 2022 et 2023, et ceux de la vague 3 dont la mise en oeuvre est prévue au 1er janvier 2024. Passage en revue des résultats.
ANALYSE CFDT:
Le questionnaire confirme que le mode « Maintenir Demain » n’est pas digéré par les agents qui ont subi cette réorganisation. Pour les agents, Maintenir Demain devait être générateur de mieux vivre au travail, et par ricochet d’une meilleure production, en efficacité et en sécurité.
Maintenir Demain devait favoriser une sérénité dans la tenue des postes, dans des locaux agréables, avec des espaces de travail correctement dimensionnés et fonctionnels. La charge de production maintenance et travaux devait être préparée et réalisée dans des conditions optimales avec des effectifs suffisants.
Au lieu de tout ça, le constat a un goût amer et de nombreuses Unités Territoriales Mixtes (UTM) sont sous tension :
Tension sur les femmes et les hommes qui sont sur-sollicités, beaucoup commencent à se poser des questions sur leur avenir à la SNCF,
Tension sur la production, on manque cruellement d’agents utilisables dans les équipes pour garantir une production robuste en programmation, en qualité et en sécurité. Cette tension est accentuée par des objectifs de recrutement en deçà des besoins,
Tension sur les roulements d’astreinte, il faut parfois mutualiser les astreintes entre UTM,
Tension sur la charge de travail, les encadrants ont vu la nature de leurs missions évoluer et leur nombre augmenter,
Tension sur des postes qui sont tenus parfois par des collègues inexpérimentés, certains étant même en formation ATT CAD ou ATT TS. La mise en oeuvre du nouveau cursus jeune cadre va accentuer ce phénomène,
Tension sur les objectifs qui sont parfois inatteignables tant certaines UTM ont été sous-dimensionnées,
Cette situation de tension, tant dans les effectifs que pour les agents, ces alertes lancées par des agents qui n’ont pas pour habitude de se plaindre, ne doivent pas rester sans réponse de la part de l’entreprise.
La CFDT cheminots l’a exprimé en comité de suivi maintenir demain le 7 juin dernier.
Pour la CFDT Cheminots, la réduction de personnel n’est pas justifiée, (5% de l’encadrement des unités) alors même que les projections de charge sont à la hausse et que la nouvelle organisation ne démontre toujours pas son efficacité.
Enfin les premiers audits réalisés dans les établissements tête de file du programme Maintenir Demain sur la base de remontées terrain informelles issues de ces établissements, semblent complaisants et ne remettent pas suffisamment en question la sécurité vis à vis des difficultés résultant de la nouvelle organisation. La CFDT demande donc des audits impartiaux, reposant à la fois sur l’analyse de la situation en termes d’efficience de la production et de suivi de la sécurité des circulations et des personnes, ce dernier facteur intégrant nécessairement les risques psycho sociaux, donc un audit intégrant un volet production, un volet sécurité et un volet RPS.
Devra-t-on connaitre un nouveau Brétigny pour que les bonnes questions soient enfin posées ? »
Par ailleurs, la disparition du regard croisé DPx/TO/TA/Agents qui existait auparavant et qui savaient, quoi qu’on en ait dit, associer les différentes spécialités que sont la Voie, la Caténaire, SE, SM, Télécoms, mais aussi les services Circulation et Voyageurs.Ceci met à mal la robustesse de nos process.
La SNCF, et Réseau certainement plus que n’importe quelle autre SA s’appuie sur une transmission orale considérable, mise à mal par le silotage des fonctions voulue par la structure du programme Maintenir Demain.
SUR LE SUJET PRODUCTION :
Nous constatons chaque jour la défaillance des établissements à réaliser la production et ce constat est accentué comme nous l’avons dit précédemment dans les établissements déjà organisés maintenir demain.
Du côté de la production de terrain, des questions se posent sur la capacité des équipes à pouvoir réaliser l’ensemble des tâches et chantiers. En effet, les effectifs disponibles sont depuis des années maintenant bien en deçà des cadres d’organisation. Pour assurer le travail, nos collègues se voient régulièrement refuser des congés et autres repos compensateurs.
Avec les futurs plans de charge consécutifs aux annonces d’augmentation du budget de SNCF Réseau, la CFDT cheminots s’inquiète du risque fort de manque de main d’oeuvre. Les conséquences seront multiples, dans le meilleur des cas, report des chantiers, dans le pire des cas épuisement des équipes pour boucler les projets avec une explosion des compteurs agents et des risques d’AT ou RPS. Un indicateur est le taux de démissions, dont les causes multiples comprennent le découragement face à ces situations non maitrisées et durables. Le recrutement de nouveaux agents à Réseau est imparfait et les délais de formation toujours trop longs pour une mise en production rapide des nouvelles recrues afin de combler les postes vacants dans les entités et renforcer la production.
Certaines missions ne sont plus ou mal assurées, ce sont souvent ces taches orphelines qui étaient réalisée par les TO, les TA ou les DPX dans les anciennes unités et qui n’ont pas toujours trouvé repreneur dans le modèle maintenir demain.
Pour conclure, il est maintenant capital de tenir compte des observations de l’encadrement ayant assuré la transition Maintenir Demain, maintenant que toutes les équipes ont basculé et que le modèle a atteint ses limites. La CFDT Cheminots demande un nouveau comité de suivi et de réelles actions.